Après deux années marquées par la crise sanitaire, les demandes de financement bancaire à moyen et long terme des PME ralentissent, les entreprises se concentrant davantage sur le court terme en 2023.
Une réduction des enveloppes de financement bancaire
Alors qu’en 2021 et 2022, les entreprises ont beaucoup investi dans les machines, le parc roulant, les travaux, l’immobilier et les rachats de fonds de commerce, avec une hausse de près de 14 % des prêts accordés aux personnes morales à but lucratif (entreprises, commerçants, artisans), la tendance a changé en 2023.
En effet, interrogés par le journal Les Echos, le directeur du marché des Entreprises et des Ingénieries de Banque Populaire et le directeur des marchés Entreprises, Economie Sociale et Institutionnelle de Caisse d’Epargne, Jérôme Lamotte et Frédéric Cormerois, expliquent avoir « moins de visibilité sur ce qui va se passer dans les prochains mois ». Pourtant, les deux banques assurent avoir la même volonté d’accompagner les entreprises, avec un niveau d’exigences qui n’a pas augmenté.
Plusieurs raisons sont susceptibles d’expliquer ce ralentissement des demandes de financement à moyen et long terme. Les chefs d’entreprise ont pu vouloir reporter certains de leurs investissements suite à l’envolée des prix des matières premières et de l’énergie. La guerre en Ukraine a impacté l’ensemble des secteurs économiques. L’étude annuelle publiée par le réseau Initiative France le 2 février 2023 a révélé que 58 % des entrepreneurs interrogés estiment être affectés par l’augmentation des prix des matières premières. Dans le domaine de l’énergie, l’Insee, qui a sondé les fournisseurs d’électricité, anticipe une hausse des prix de vente de l’électricité aux clients professionnels de 84 % en 2023, et ce avant la prise en compte des dispositifs d’aide tels que l’amortisseur électricité, le guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité ou encore le plafonnement pour les très petites entreprises.
De nouveaux besoins en financement
Les besoins en financement bancaire des petites et moyennes entreprises évoluent en 2023. Ils concernent davantage le besoin en fonds de roulement. Le BFR désigne le montant qu’une entreprise doit débourser pour couvrir les décalages de flux de trésorerie correspondant aux décaissements et aux encaissements liés à son activité.
Pour mieux maîtriser leur BFR et garder leur comptabilité sous contrôle, les entreprises peuvent :
- Améliorer la rotation des stocks,
- Négocier les délais de paiement avec leurs fournisseurs,
- Se faire payer plus rapidement.
Elles ont également la possibilité de mobiliser leurs créances clients dans le cadre de financements bancaires de court terme adaptés pour récupérer des disponibilités immédiatement via l’affacturage, l’escompte, la cession Dailly, l’assurance-crédit
Pour autant, Jérôme Lamotte confie aux Echos que la dette et le financement bancaire ne pourront pas tout. « Il y a peut-être un sujet d’ouverture du capital », affirme-t-il.