Alors que le nombre de cessions-acquisitions de PME a bondi l’an dernier, le tassement observé au 1er trimestre 2022 pourrait annoncer un repli durable lié à la guerre en Ukraine. C’est en tout cas ce que révèle une étude réalisée par le cabinet In Extenso et publiée en exclusivité par Les Echos lundi 4 avril. Zoom sur ces fusions d’entreprise qui ralentissent cette année.
Le repli des cessions-acquisitions causé par le conflit en Ukraine
Les opérations de fusion-acquisition conclues depuis janvier représentent un volume de 1010 milliards de dollars, soit près de 907 milliards d’euros, contre 1430 milliards de dollars au 1er trimestre 2021, selon les données de Dealogic. Cette baisse de 29 % s’explique par les tensions géopolitiques qui ont incité les grandes entreprises à reporter leurs projets de croissance externe.
« La hausse des coûts de l’énergie, la dislocation des chaînes d’approvisionnement et la montée de l’inflation sont des facteurs clés qui influencent les clients “corporate” comme les clients “private equity” en ce moment », rapporte Dwayne Lysaght, co-responsable des fusions et acquisitions EMEA chez JPMorgan Chase & Co, à Reuters.
Des volumes records difficiles à reproduire
L’activité du 1er trimestre 2022 est comparée avec les volumes records de l’année dernière qui sont difficiles à reproduire dans le contexte actuel. Plus précisément, l’année 2021 a été marquée par une hausse de 41 % des transactions. L’étude « Régions & Transmission : panorama des cessions et acquisitions de PME » révélée par Les Echos fait état de 1172 opérations de fusion-acquisition enregistrées contre 829 en 2020.
Cette année, malgré les préoccupations macroéconomiques et la volatilité accrue, les nouvelles activités ne se sont pas arrêtées pour autant. En effet, parmi les principales transactions du trimestre, il y a eu l’acquisition du fabricant de « Call of Duty » Activision Blizzard par Microsoft pour un montant de 75 milliards de dollars. Autre annonce : l’entrée en négociations exclusives du groupe Orange et de l’opérateur espagnol Masmovil en vue d’un rapprochement de leurs activités en Espagne. L’opération devrait prendre la forme d’une joint-venture 50-50 co-contrôlée par les deux acteurs d’une valeur d’entreprise totale de 19,6 milliards d’euros.
Une tendance très proche de celle de 2016-2019
Même si les volumes ont diminué en 2022, la tendance reste très proche de celle enregistrée en 2016-2019. Les entreprises et sociétés de capital-investissement n’ont pas renoncé aux grosses opérations comme le montre l’évolution du nombre de transactions qui est passé de 12 à 13 en un an. Les opérations menées par les fonds de « private equity » se maintiennent à des niveaux élevés, avec un montant global qui atteint près de 204 milliards de dollars.
Selon Jim Langston, co-responsable des M&A chez Cleary Gottlieb Steen & Hamilton, « les M&A de “private equity vont continuer de représenter une part plus importante de l’activité globale des M&A car les munitions disponibles restent à des niveaux élevés ».
Ainsi, les spécialistes du secteur estiment que les volumes d’activité devraient augmenter une fois les tensions géopolitiques apaisées. Toutefois, le montant individuel des opérations pourrait diminuer.