Le directoire de Gefco a récemment annoncé le rachat de 75 % du capital détenu depuis 2012 par le russe RZD, les 25 % restants, propriété de Stellantis, ayant été cédés à l’armateur de porte-conteneurs français CMA CGM. L’opération s’est avérée particulièrement délicate pour les banques qui financent l’entreprise de transport à hauteur de 200 millions d’euros. Éclairage sur les manœuvres des banques pour sauver Gefco.
Une vente précipitée par la guerre en Ukraine
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la société Les Chemins de Fer Russes, actionnaire majoritaire de Gefco, a été placée sous sanctions par les autorités américaines. Début avril, le groupe de transport et de logistique automobile a trouvé la solution pour éviter une éventuelle fermeture alors que les banques, notamment ING, Citi, HSBC, Natixis et Société Générale, tétanisées par les risques de sanctions, menaçaient de fermer le robinet des financements.
Gefco a décidé de racheter les parts de RZD, un acteur réputé pour être proche du président Vladimir Poutine et devenu très gênant depuis l’invasion russe en Ukraine, pour les revendre à CMA CGM pour une valeur totale d’environ 450 millions d’euros.
« On devait trouver une solution, on est une entreprise viable et on allait subir les sanctions et risquer jusqu'au dépôt de bilan », précise l’entreprise dans un communiqué.
Des transactions bloquées
Le versement de dividendes à la société RZD n’a pas facilité la tâche des banques compte tenu des sanctions imposées à la Russie. L’option envisagée consistait à passer par l’intermédiaire de Rosbank, filiale de Société Générale, qui n’avait pas encore été informée de la vente et n’encourait pas de sanctions.
La question du financement s’est également posée pour Gefco qui avait bénéficié d’une ligne de crédit de près de 45 millions d’euros auprès de la banque russe Sberbank en juin 2017. Même si la société n’avait pas consommé la ligne en intégralité et décidé d’annuler le prêt, cela n’a pas empêché certaines banques dont fait partie ING de dénoncer leur ligne de crédit envers le groupe de transport.
« Au sens de la documentation commerciale, c'était un cas de défaut si RZD tombait sous les sanctions », avait alors précisé la banque néerlandaise. Les autres établissements « ont suspendu les opérations de gestion de trésorerie entre les sociétés du groupe et bloqué celles de change et de paiement », rapporte un acteur de la négociation aux Echos. Ces actions ont inévitablement impacté les transactions avec les fournisseurs qui craignaient les sanctions.
Malgré la prudence dont elles ont fait preuve, les banques ont pu obtenir une licence temporaire d’exemption des sanctions de Londres.
« Dans l'entreprise, on oublie un peu vite que toutes les banques auraient pu partir, elles ont essayé d'être constructives », ajoute cette même source interrogée par le journal Les Echos.