Les ménages français surépargnent de moins en moins

Le surplus d’épargne accumulé par les ménages français depuis le début de la crise sanitaire atteignait, à la fin du mois d’octobre, le montant total de 187 milliards d’euros. Si les Français continuent de surépargner, la tendance est à la baisse. Au 3ème trimestre 2021, le surplus d’épargne a augmenté de 6 milliards d’euros, contre 22 milliards d’euros au 2ème trimestre.

Un surplus d’épargne utile pour l’économie

Le surplus d’épargne des ménages français continue d’augmenter, comme c’est le cas depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Au 31 décembre 2020, cet excédent était de 111 milliards d’euros. Les sommes épargnées au-dessus du niveau d’épargne habituel ont atteint un total de 157 milliards d’euros fin juin 2021, puis de 187 milliards d’euros fin octobre, d’après les données de la Banque de France.

Longtemps incités par le gouvernement à dépenser ce surplus d’épargne pour soutenir la relance économique, les Français ont majoritairement préféré conserver ces sommes sur leurs comptes courants ou leurs livrets d’épargne réglementée, comme le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire.

Un surplus d’épargne qui s’est avéré très utile pour l’économie, selon Olivier Garnier, chef économiste de la Banque de France, et Agnès Bénassy-Quéré, cheffe économiste de la Direction générale du Trésor. Selon ces spécialistes, l’excédent d’épargne a permis de financer des prêts à l’économie, des PME, des projets de transition énergétique ainsi que l’économie sociale et solidaire.

Les sommes placées sur les Livrets A sont venues alimenter le fonds de la Caisse des Dépôts et Consignations pour financer la politique de la ville et les programmes de logements sociaux. Le surplus d’épargne a également permis d’acheter des titres de dette émis par l’État et de financer le déficit des administrations publiques.

L’excédent d’épargne augmente de moins en moins vite

Si le surplus d’épargne continue à augmenter, la tendance est tout de même au ralentissement. Ainsi, au 3ème trimestre 2021, il a augmenté de 6 milliards d’euros, contre 22 milliards d’euros sur l’ensemble du 2ème trimestre.

La consommation a connu une forte hausse au 3ème trimestre, sans pour autant retrouver le niveau qu’elle atteignait avant le début de la crise sanitaire. Par ailleurs, le revenu disponible brut des ménages devrait avoir augmenté de 3,9 % cette année, selon les estimations de l’Insee, contre 1 % en 2020. Ces différents éléments expliqueraient la persistance d’un surplus d’épargne malgré la reprise économique.

Fin octobre, la moitié de cet excédent d’épargne, soit 99 milliards d’euros, était placée sur des livrets rémunérés ou des comptes bancaires. L’encours du Livret A a augmenté de 18,6 % entre décembre 2019 et septembre 2021, soit une hausse de 51,5 milliards d’euros pour la seule France métropolitaine.

Si l’on ajoute au montant de la surépargne celui de l’épargne habituelle, à savoir 124 milliards d’euros, l’épargne totale des Français s’élève à 293 milliards d’euros, soit 100 milliards de plus qu’il y a un an.

D’après les estimations de l’Insee, le taux d’épargne devrait redescendre à 16 % du revenu brut à la fin du premier semestre 2022, soit un niveau plus proche du taux habituel (+1 point).

L’apparition du variant Omicron et la cinquième vague épidémique risquent de compromettre les estimations de l’Observatoire français des conjonctures économiques, qui jugeait possible une croissance française de plus de 6 % si un cinquième de l’excédent d’épargne était dépensé par les ménages.