Depuis fin 2021, la Banque centrale européenne tire la sonnette d’alarme au sujet des prêts LBO, ces financements à effet de levier. Selon le superviseur européen, le risque encouru par les banques est trop élevé. Ces dernières contestent la position de la BCE, ainsi que sa définition de la finance à effet de levier.
Augmentation de l’exposition des banques aux prêts LBO
Les prêts LBO («Leverage Buy-Out »), qui permettent de racheter une entreprise en ayant recours à un fort endettement, ne plaisent guère à la Banque centrale européenne. En décembre dernier, le superviseur bancaire menaçait déjà d’imposer de nouvelles contraintes en capital aux banques octroyant trop de prêts LBO.
De leur côté, les banques mettaient en avant une erreur de jugement de la part de la BCE, dont les calculs, selon elles, ne prenaient pas en compte la trésorerie des entreprises, ce qui aurait eu pour effet de ramener une part importante de ces prêts en dessous du plafond fixé par la BCE, établi à 6 fois l'Ebitda.
Au mois d’avril, la BCE a de nouveau souligné les risques des prêts à effet de levier, indiquant qu’entre début 2018 et fin 2021, l’exposition aux prêts LBO des banques systémiques avait considérablement augmenté, passant de 40 % à près de 60 % de leurs fonds propres durs.
Les banques refusent d’octroyer moins de prêts LBO
La BCE reproche aux banques d’accorder ces prêts à effet de levier sans restriction, et d’utiliser des paramètres de contrôle insuffisants. Au mois de mars, l’encours des prêts LBO dans le monde dépassait les 4 000 milliards de dollars.
De leur côté, les banques refusent de lever le pied, arguant que limiter l’octroi de prêts à effet de levier reviendrait à priver nombre d’entreprises de possibilités de financement.
Par ailleurs, elles remettent en cause la définition de la Banque centrale européenne de la finance à effet de levier. Ainsi selon Christian Ossig, un des dirigeants de la Fédération bancaire européenne interrogé par Les Echos, la définition de la BCE ne se limite pas à la finance à effet de levier classique, mais inclut « une part importante de l'univers corporate européen ».
Les inquiétudes de la BCE semblent toutefois légitimes, plus particulièrement dans le contexte actuel de hausse des taux et d’inflation, sur fond de guerre russo-ukrainienne.
Citigroup, JP Morgan et Bank of America ont d’ailleurs été sommées par la Fed de revoir à la hausse leurs réserves en fonds propres à compter du mois d’octobre.