Les TPE PME sont, dans l’ensemble, peu préparées à affronter les conséquences du dérèglement climatique, comme le révèle une étude menée par le cabinet de conseil Goodwill-management. Malgré une exposition de plus en plus importante aux risques climatiques, elles ne s’estiment majoritairement pas prêtes à y faire face.
Les risques climatiques qui pèsent sur les TPE PME
Au cours d’un été 2022 marqué par la sécheresse, plusieurs épisodes de canicule, des incendies dévastateurs et des orages violents, les TPE PME ont été nombreuses à subir les conséquences du changement climatique.
Terrasses vides des restaurants durant les pics de chaleur, campings victimes des feux de forêt, rythme de travail perturbé pour les travailleurs du bâtiment, difficultés dans le secteur de la livraison et de la logistique : les TPE PME ont dû faire face à divers aléas.
Mais sont-elles suffisamment préparées à affronter les risques climatiques ? C’est la question à laquelle tente de répondre une étude menée par le cabinet de conseil Goodwill-management, en partenariat avec l’assureur MAIF et l’Agence RSE LUCIE. 300 TPE PME ont répondu à des questions visant à connaître leur perception des risques climatiques.
Parmi ces risques, ceux qui sont le plus susceptibles d’affecter les TPE PME sont, d’après l’étude, les inondations, les sécheresses, les températures extrêmes et les événements météorologiques extrêmes, comme les tempêtes, les cyclones ou les chutes de neige violentes.
Pour les TPE et PME, les conséquences du changement climatique sont nombreuses. Elles vont devoir faire face :
- à la raréfaction des ressources,
- aux ruptures d’approvisionnement de leurs fournisseurs,
- à la hausse des coûts,
- à l’allongement des délais d’approvisionnement,
- à l’augmentation de la fiscalité carbone et/ou environnementale,
- à de nouvelles contraintes réglementaires.
68 % des TPE PME interrogées pensent être impactées par le changement climatique dans le futur, et 14 % disent en subir déjà les conséquences. 45 % pensent être touchées dans les 10 années à venir.
Selon l’association German Watch, sur la période 1976-2005, 860 000 TPE PME ont été exposées à plus de 50 jours anormalement chauds, et elles devraient être 5,3 millions en 2050.
Les TPE PME mal préparées à faire face au dérèglement climatique
Si les TPE PME françaises sont conscientes des risques climatiques, elles y sont mal préparées. 54 % des entreprises interrogées ne s’estiment pas prêtes à affronter les conséquences du réchauffement climatique.
Pourtant, 54 % d’entre elles ont déjà mis en place des actions pour s’adapter à ce changement, notamment en diversifiant leurs fournisseurs, en adaptant leur offre, en cherchant des alternatives, en prenant des mesures de prévention des risques et en collaborant avec d’autres structures implantées sur le même territoire ou travaillant dans le même secteur.
Les TPE PME connaissent mal les ressources existantes concernant la mise en place d’actions d’adaptation. Plus de 3 entreprises sur 4 ont déclaré ne pas avoir connaissance des dispositifs d’accompagnement créés pour les aider à faire face au changement climatique, ce qui traduit un besoin important en termes de formation et de sensibilisation.
Quelles solutions pour anticiper les risques climatiques ?
L’étude du cabinet Goodwill-management rappelle les deux principales solutions dont disposent les entreprises pour faire face au dérèglement climatique : d’une part l’atténuation de ce changement, via la « transition vers une économie bas-carbone », et d’autre part l’adaptation à ce même changement.
Pour s’engager sur la voie de l’atténuation, les TPE et les PME peuvent commencer par mesurer leur impact environnemental en effectuant un bilan d’émissions de gaz à effet de serre (BEGES), puis réduire ces émissions en recourant aux énergies renouvelables ou encore en procédant à la rénovation énergétique de leurs bâtiments.
Actuellement, l’action des TPE PME est encore trop limitée : 80 % des dirigeants d’entreprise se disent conscients de l’urgence climatique, mais seulement 13 % d’entre eux pensent pouvoir réduire leurs émissions de carbone dans les années à venir, selon les chiffres de la Chambre de commerce et d’industrie en 2021.
Quant aux stratégies d’adaptation, elles ont pour but de réduire les impacts du changement climatique sur l’activité des TPE PME. 90 % des entreprises ayant mis en place des stratégies d’adaptation ont déclaré l’avoir fait par conviction, 45 % pour se protéger des risques, et 45 % par opportunité pour l’entreprise.
Le principal frein évoqué à la mise en place de mesures d’adaptation est le manque de temps (35 %) et de moyens (34 %). Dans 24 % des cas, les entreprises interrogées déclarent devoir faire face à une résistance interne au changement, et dans 16 % des cas, à une absence d’alternative technologique.
Enfin, l’étude évoque certaines mesures de « mal-adaptation », susceptibles à long terme de rendre les entreprises plus vulnérables aux risques climatiques. La mesure de mal-adaptation la plus répandue est le « recours systématique à la climatisation ».