La croissance ralentit et le marché du travail penche désormais en faveur des employeurs face aux salariés. Si les chefs d'entreprise ont moins de difficulté à recruter, ils manquent toujours de visibilité sur leur carnet de commandes.
Moins de pénurie de main-d’œuvre
À fin 2022, le ministère du Travail recensait plus de 364 000 emplois vacants dans le secteur privé, soit une hausse de 72 % par rapport à fin 2019. Les entreprises peinaient particulièrement à recruter alors que le taux de chômage avait atteint son plus bas niveau (7,2 %) depuis 2008. Pour attirer les candidats, les acteurs du secteur ont dû redoubler d’efforts en mettant par exemple en avant la mise à disposition d’une voiture de fonction ou encore le versement d'une prime de parrainage dans leurs offres.
La situation a changé cette année. En effet, les chefs d’entreprise parlent moins de pénurie de main-d'œuvre. Dans une interview accordée au journal Les Echos, Roland Gomez, patron de Proman, 4ème acteur européen sur le marché du travail en intérim, indique que la préoccupation première des dirigeants est désormais « le flou sur leurs plans de charges ».
Beaucoup s’interrogent également sur le choix de leur mode d’organisation du travail. Il faut dire que le Covid-19 a bouleversé les habitudes des employés : 100 % télétravail, système à la carte, travail en présentiel… Il revient aux employeurs de trancher à l’approche de la rentrée.
Un impact sur l’aspect salarial
Alors que la balance penchait en faveur des salariés l’an dernier, ce ne sera probablement pas le cas en 2023. Dans un contexte de ralentissement de la croissance économique, les négociations ne devraient pas entraîner de fortes hausses de salaire.
« À priori, et sauf mauvais chiffres sur la hausse des prix à la rentrée, les clauses de revoyure ne donneront rien », rapporte un dirigeant industriel.
La situation sur le marché du travail diffère néanmoins selon les secteurs d’activité. Par exemple, dans l’industrie, le manque de main-d’œuvre se fait toujours ressentir.
« Les métiers pénibles physiquement et mal rémunérés dans la construction, la sécurité, la propreté, ou ceux aux horaires chargés à l'instar de l'hôtellerie et de la restauration, restent peu attirants », confirme Roland Gomez aux Echos.
Le secteur du bâtiment est aussi concerné malgré la crise de construction de logements. Dans l’événementiel, avec l’organisation des Jeux olympiques en 2024, les recruteurs ont anticipé en proposant des salaires plus intéressants et un engagement sur la durée.
Pour convaincre leurs futurs salariés de choisir leur entreprise, les dirigeants disposent de plusieurs leviers :
- la rémunération,
- les conditions de travail,
- le modèle de management,
- et le sens du travail proposé.
De plus en plus d’entreprises misent sur les conditions de travail (surtout le télétravail) pour faire face à la concurrence.