À l’occasion de la COP26, le Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), un groupe réunissant 450 acteurs de la finance pour 130 000 milliards de dollars d’actifs, s’est engagé à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Si l’engagement est spectaculaire pour la lutte contre le changement climatique, il est accueilli avec scepticisme par les ONG et les organisations internationales.
450 acteurs de la finance s’engagent à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050
Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre à l’origine du Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), avait promis que les engagements des acteurs financiers en faveur du climat seraient considérables.
Les annonces, formulées à l’occasion d’une journée consacrée à la finance dans le cadre de la COP26, ont été à la hauteur des attentes : le GFANZ, qui réunit 450 acteurs financiers et représente 130 000 milliards de dollars d’actifs, s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, avec des objectifs intermédiaires fixés pour 2030.
Le GFANZ, lancé en avril 2021, compte parmi ses signataires des :
- assureurs,
- banques,
- fonds de pension,
- auditeurs,
- fournisseurs d’indices,
- gestionnaires d’actifs,
- agences de crédit export.
Tous ces acteurs financiers, sous la houlette de Mark Carney, ont visiblement admis que pour atteindre leurs objectifs de neutralité carbone, il faudrait investir 125 000 milliards de dollars, dont 32 000 milliards pour les dix années à venir.
Le GFANZ, après s’être déclaré prêt à débourser de telles sommes, a annoncé attendre que les institutions et les États mettent en place des projets allant dans le sens de la neutralité carbone, pour que les différents acteurs financiers puissent débuter leurs investissements.
Des annonces jugées peu crédibles par les ONG et les organisations internationales
Si les annonces de la finance mondiale sont spectaculaires, elles ont néanmoins été reçues avec beaucoup de scepticisme par les organisations internationales et les ONG.
Antonio Guterres, le secrétaire des Nations Unies, a évoqué un « manque de confiance » et un « déficit de crédibilité », soulignant une certaine confusion dans les objectifs annoncés, « avec des interprétations et des indicateurs différents ».
Les ONG pointent également du doigt les investissements de la finance dans les énergies fossiles. Lucie Pinson, directrice de l’ONG Reclaim Finance, a ainsi rappelé que 65 % des actifs détenus par ces acteurs financiers ne respectaient pas les engagements climatiques. Selon le FMI, 0,26 % des fonds mondiaux sont conformes à l’Accord de Paris.
D’après le Financial Times, les engagements pris par le GFANZ en faveur de la neutralité carbone excèdent les 123 500 milliards d’obligations ou les 121 000 milliards de dollars de capitalisation totale des Bourses mondiales, ce qui rend peu crédibles les annonces faites par les acteurs financiers.
Par ailleurs, la nature même des objectifs de neutralité carbone n’est pas clairement définie. Selon la Science-based targets initiative (SBTi), qui se charge de vérifier si les engagements des entreprises en faveur du climat sont cohérents par rapport aux données scientifiques, l’objectif zéro émission nette, ou « net zéro » est trop flou. Ce manque de précision et de cohérence profite aux acteurs financiers, dont les affirmations sont impossibles à vérifier scientifiquement.
Par ailleurs, les conclusions du dernier rapport de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution n’incitent pas vraiment à croire sur parole les acteurs financiers. Selon le rapport, les financements aux hydrocarbures de la part des banques et des assurances françaises ont, en 5 ans, augmenté de 28 milliards d’euros, passant de 146 milliards d’euros en 2015 à 174 milliards d’euros en 2020.