Dans une interview récemment donnée aux Echos, le nouveau président de la Fédération bancaire française (FBF) dénonçait l’open banking. Agacées, les fintechs réagissent dans une tribune publiée par l’association France Fintech.
Un risque de « vaporisation des données » bancaires
Le 28 septembre, le quotidien Les Echos publiait une interview de Nicolas Théry, le nouveau président de la Fédération bancaire française. « Je ne crois pas à l’open banking », a-t-il déclaré lors de cette entrevue, affirmant que « la réglementation peut parfois être absurde ».
Cette réglementation à laquelle Nicolas Théry fait référence n’est autre que la deuxième directive européenne sur les services de paiement (DSP2), en vigueur depuis 2018. Elle impose aux banques de partager les données bancaires de leurs clients - lorsque ceux-ci y consentent – avec des acteurs non bancaires, notamment les fintechs.
L’utilisation d’API, à savoir des interfaces de programmation, permet à ces développeurs tiers de mettre au point des services innovants et des applications, en s’appuyant sur la transmission de ces données bancaires.
Le président de la FBF a fait part, dans cette interview, de sa crainte d’une « vaporisation des données des clients », avant d’ajouter : « L’exigence de confidentialité et l’intimité numérique ne sont pas négociables. Les données bancaires devraient être inaliénables ».
Banques et fintechs, une collaboration nécessaire pour contrer les GAFA
Les propos de Nicolas Théry ne sont pas passés inaperçus, et les fintechs n’ont pas tardé à réagir et dénoncé les attaques des banques sur l’open banking, dans une tribune publiée le 30 septembre sur le site de l’association France Fintech.
« Ces propos nous font revenir plusieurs années en arrière », affirment-elles, puisqu’ils constituent selon elles une remise en cause de la DSPD2 qui, si elle n’est entrée en vigueur qu’en 2018, a été adoptée dès 2013.
Interrogé par le média Maddyness, le fondateur et président de France Fintech, Alain Clot, considère que Nicolas Théry « a poussé le bouchon très loin, en contradiction avec ses membres », de nombreux dirigeants du secteur bancaire étant en faveur de l’open banking.
Dans sa tribune, France Fintech insiste sur le fait que la « dissémination des données d’historique de compte bancaire des clients » est une préoccupation partagée par les fintechs, et rappelle que celles-ci sont « régulées et supervisées par les mêmes régulateurs et superviseurs que les banques », à savoir l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Les fintechs soulignent que « la donnée associée à un client n’appartient ni à la banque ni à la fintech, mais au client lui-même », qui est par conséquent libre de la partager avec un prestataire en vue d’obtenir de nouveaux services.
Enfin, pour France Fintech, la collaboration entre les fintechs et les banques est indispensable pour « contrer l’offensive montante dans les services financiers des Big Tech (GAFAM américains et BATX chinois) qui, par une exploitation intensive des données, connaissent souvent mieux leurs utilisateurs que les banques connaissent leurs clients ».