Il y a 9 mois, la Banque Postale annonçait avoir établi un partenariat avec la fintech française Alma pour proposer à ses clients une solution de paiement fractionné. Mais faute d’entente, la Banque Postale a dû revoir ses plans : elle a changé de tactique et fait appel à une autre fintech, Pledg, et s’apprête à lancer sa propre solution.
Le paiement fractionné, « antichambre du crédit à la consommation »
En juillet dernier, la Banque Postale avait dû s’incliner face à BNP Paribas, qui avait remporté la mise et racheté Floa Bank, la filiale bancaire détenue à 50 % par le Crédit Mutuel Alliance Fédérale (CMAF) et à 50 % par le groupe Casino. L’acquisition de l’un des principaux acteurs du paiement fractionné en France avait coûté 258 millions d’euros à BNP Paribas.
Consciente de l’importance du paiement fractionné, considéré par son directeur général Philippe Heim comme « l’antichambre du crédit à la consommation », la Banque Postale n’avait pas pour autant renoncé à proposer une telle solution à ses clients.
Pour cela, elle avait établi l’été dernier un partenariat avec la fintech française Alma, prévoyant de proposer à ses clients commerçants, qu’ils possèdent un magasin ou qu’ils soient spécialistes de l’e-commerce, des solutions de paiement en 2, 12, 24 ou 36 fois.
La Banque Postale noue un partenariat avec Pledg
Toutefois, le partenariat n’a pas permis aux deux parties de trouver un terrain d’entente, la Banque Postale souhaitant imposer sa marque au détriment de celle d’Alma.
Pour la filiale de la Poste, dont la maison-mère est en relation avec quasiment tous les e-commerçants de France grâce à la livraison de colis, mettre en avant sa marque dans le cadre d’une solution de paiement fractionné est indispensable pour s’assurer une visibilité auprès des 200 000 marchands concernés.
En revanche, l’opération n’apportait pas de bénéfice à la fintech Alma, qui souhaite précisément développer une relation de proximité avec les commerçants, à l’image de la fintech Klarna, œuvrant également au développement de sa marque.
Cette divergence de vision a conduit la Banque Postale à se tourner vers Pledg, la deuxième fintech française occupant avec Alma le terrain du paiement fractionné. À la différence d’Alma, Pledg propose sa solution de paiement en plusieurs fois en marque blanche, ce qui permet à la filiale de la Poste de conserver sa proximité avec les marchands.
La Banque Postale a annoncé ce nouveau partenariat alors qu’elle s’engage dans un plan ambitieux de diversification et de modernisation. Selon Philippe Heim, la banque mesure déjà « les fruits de cette transformation, porteuse d’ambitions et de convictions », a-t-il déclaré à l’occasion de la présentation des résultats 2021, estimant que le modèle « continue d’être plus diversifié et plus digitalisé ».
En 2021, le résultat net du groupe, hors ajustement du prix d’acquisition de CNP Assurances, s’élève à 1 milliard d’euros, et son chiffre d’affaires, de 8,2 milliards d’euros, enregistre une hausse de 6 %.