Via une affiche scotchée sur un distributeur de billets, Crédit Agricole Val de France a imputé la responsabilité d’une « pénurie de monnaie » à la Banque de France. L’institution, qui est en pleine restructuration et prévoit de fermer près de la moitié de ses caisses régionales dans les mois à venir, a nié être à l’origine de ce problème de cash.
Une « initiative intempestive » selon la Banque de France
Scotchée sur un distributeur automatique de billets, une affichette du Crédit Agricole Val de France avertissait en ces termes les clients de la banque :
à cause « d'une pénurie de monnaie à la Banque de France, nous ne serons pas en capacité d'honorer toutes vos demandes et vous invitons à limiter vos retraits dans la mesure du possible ».
La photo de l’affiche, qui a selon la banque régionale été posée au mois de juin, a circulé sur les réseaux sociaux et amené le journal Les Echos à contacter Crédit Agricole Val de France et la Banque de France afin d’en savoir plus.
Selon cette agence du Crédit Agricole, il y a une pénurie de monnaie à la Banque de France ! Elle invite même ses clients à limiter leurs retraits ! Qu'est-ce que cela cache ? La mega crise de l'#euro arrive. On va se réveiller un matin avec un blocage des comptes bancaires... pic.twitter.com/W6Ci1o7hDA
— Europhobe (@Europhobe) August 29, 2022
La caisse régionale du Crédit Agricole a relativisé, en expliquant que la « pénurie de monnaie » ne concernait en réalité que les pièces, qualifiant le problème de « très temporaire et très local ».
Pourtant, du côté de la Banque de France, on rejette cette explication infondée, qualifiant cette affiche d’« initiative intempestive ». Selon l’institution, la banque régionale aurait en réalité mal géré ses commandes de pièces.
La Banque de France entame un vaste plan de restructuration
Il faut dire que le sujet est délicat pour la Banque de France, qui a engagé un vaste plan de restructuration et prévoit de supprimer 14 de ses 37 caisses régionales dans les prochains mois. Au total, 134 salariés sont concernés par cette restructuration, soit 1 % de l’effectif total de l’institution.
« Ces caisses sont celles dont l’activité est la plus faible aujourd’hui. Elles sont réparties sur tout le territoire », expliquait début 2021 au Figaro le directeur général des services à l’économie et du réseau de la Banque de France, Erik Lacourrège.
« L’idée est que nous gardions entre une et trois caisses par région, ce qui veut dire que nous supprimons une caisse, voire deux, par région. Il n’y aura pas de zones blanches », ajoutait-il.
Une exigence d’accessibilité au cash soulignée cet été par la Banque centrale européenne, qui a rappelé aux banques qu’elles étaient dans l’obligation de permettre à tous les citoyens de l’Union européenne d’accéder aux espèces.
Pourtant, si la Banque de France a affirmé aux Echos que la suppression de près de la moitié de ses caisses régionales n’entraînerait « aucune conséquence négative en matière de distribution des espèces et notoirement des monnaies », les syndicats de l’institution contactés par le quotidien sont plus dubitatifs.
Ils craignent par exemple que la caisse régionale d’Orléans n’ait pas les capacités suffisantes, en termes de stockage des pièces, pour pallier la fermeture de la caisse de Tours.