Polygraphe, un outil pour identifier les faux avis en ligne

Un nouvel outil, Polygraphe, est utilisé depuis le 4 juin par la DGCCRF pour collecter les informations permettant d’identifier les auteurs d’avis en ligne litigieux. Zoom sur ce logiciel qui lutte contre les faux avis.

Une mise en œuvre du logiciel autorisée pour une durée de 3 ans

Les avis déposés par les consommateurs sont fréquemment utilisés pour estimer la qualité d’un produit ou d’un service. Il n’est pas rare de s’y référer pour confirmer un choix. Une étude de l’IFOP, relayée par le ministère de la Transformation et de la Fonction Publiques, rapporte que 85 % des consommateurs sont influencés par les avis laissés en ligne sur les produits ou services. Toutefois, les appréciations mises en évidence ne sont pas toujours fiables.

Pour mieux lutter contre les commentaires, notes ou évaluations frauduleuses accessibles aux utilisateurs, la DGCCRF met à disposition des enquêteurs un outil appelé Polygraphe. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a examiné le 15 décembre 2022 l’arrêté de Bercy et confirmé la mise en place du dispositif dont le coût a été évalué en 2019 à 300 000 euros sur 2 ans. Un décret du 1er juin autorise donc l’utilisation du logiciel pour une durée de 3 ans afin de traiter et d’analyser tous les avis en ligne.

 

Exploiter des données brutes

Polygraphe sera utilisé pour collecter différents types d’informations liés à la publication d’avis en ligne :

  • Les données concernant l’auteur de l’avis : nom, prénom, identifiant attribué par l’opérateur de la plateforme, URL de la page personnelle ;
  • Les données concernant le professionnel ciblé par l’avis : dénomination sur la plateforme, identifiant attribué par l’opérateur de la plateforme, URL du site Internet, numéro de téléphone, adresse mail, données géographiques ;
  • Les données concernant l’avis : texte de l’avis et texte de l’éventuelle réponse apportée.

L’outil sera également en mesure de récupérer des données de connexions ou encore les journaux d’évènements (ajout/suppression de compte, modification des contenus par les administrateurs…).

L’algorithme pourra, dans un second temps, cibler les commentaires suspects « à l’aide de différents indicateurs de suspicion définis avec les enquêteurs expérimentés sur le sujet », indique le ministère. La dernière étape consiste à visualiser les résultats « sous forme d’une interface à destination des enquêteurs ».

 

 

Concernant l’exploitation des données, la DGCCRF souhaite pouvoir les conserver pendant 6 mois maximum après leur collecte. Dans cette situation, il faut noter que le droit d’opposition à ces traitements n’est pas applicable.

La collecte d’informations personnelles et parfois sensibles pourrait néanmoins mettre en alerte le Conseil constitutionnel. En 2020, l’institution avait retoqué un article de la loi de Finances autorisant le fisc à récupérer les données publiées par les utilisateurs sur les plateformes en ligne pour lutter contre la fraude à la domiciliation fiscale.