Le Conseil d’analyse économique (CAE) a étudié les comptes bancaires de plus de 100 000 TPE et PME, et analysé leur évolution entre le début de la crise sanitaire et le mois d’août 2021. Si les conclusions sont plutôt rassurantes, la situation financière des entreprises s’étant améliorée, une part non négligeable de TPE et de PME pourrait avoir des difficultés à rembourser les prêts garantis par l’État.
Entreprises : une situation financière en nette amélioration
L’étude du Conseil d’analyse économique a constaté une nette amélioration de la situation financière des TPE et des PME, qu’il s’agisse de leur trésorerie ou de leur encours net bancaire.
La situation de trésorerie des entreprises s’est considérablement améliorée, en grande partie grâce aux prêts garantis par l’État (PGE). Cette évolution concerne tous les secteurs d’activité, y compris ceux qui ont été les plus impactés par la crise sanitaire, comme le secteur de l’hébergement et de la restauration. Dans le secteur de la construction, l’amélioration de la situation de trésorerie est moins marquée.
Autre indicateur de la situation financière des TPE et des PME : l’encours net bancaire, qui ne varie pas lorsqu’une entreprise obtient un prêt et le conserve sur son compte courant sans l’utiliser, mais qui se dégrade lorsqu’elle en utilise une partie.
L’encours net bancaire des TPE et des PME s’est aussi amélioré entre le mois de février 2020 et le mois d’août 2021, et plus particulièrement depuis le début de l’année 2021. Toutefois, le rapport du CAE sur la situation financière des PME/TPE en août 2021 au vu de leurs comptes bancaires pointe l’écart entre les PME, dont l’encours net bancaire a connu une évolution plus limitée, et les TPE qui ont été les premières à bénéficier du fonds de solidarité avant son extension, ce qui explique qu’elles aient également été les premières à avoir vu leur situation financière s’améliorer.
Par ailleurs, comme le souligne le Conseil d’analyse économique, « le choc économique du Covid a été plus violent en Île-de-France que dans d’autres régions », et la situation financière des entreprises franciliennes a évolué moins favorablement. Le rapport avance une explication à cet écart, à savoir « le poids des touristes étrangers dans l’activité économique en Île‐de‐France ».
La question des prêts garantis par l’État
Sur les 70 000 TPE et les 25 000 PME étudiées par le Conseil d’analyse économique, 35 % ont obtenu un prêt garanti par l’État. Celles qui ont eu recours au PGE sont majoritairement celles qui étaient déjà en difficulté avant la crise, et qui ont connu la plus importante dégradation de leur situation financière durant la crise sanitaire.
Les TPE et PME ayant bénéficié d’un PGE ont en moyenne utilisé 40 à 50 % de la somme obtenue.
« Le PGE n’a donc pas été simplement déposé sur un compte courant par sécurité, mais a été en partie utilisé pour couvrir des dépenses ou des pertes », explique le rapport.
Les entreprises n’ont pas utilisé leur PGE de manière continue, mais principalement durant les périodes les plus dures sur le plan du chiffre d’affaires, comme les deux mois du premier confinement de 2020 notamment.
Le Conseil d’analyse économique se montre quelque peu alarmant quant aux potentielles difficultés, pour un certain nombre de TPE et de PME, à rembourser leur PGE.
« En août 2021, 15 à 25 % des entreprises avec PGE seraient dans l’incapacité de rembourser une annuité de 20 % de leur PGE. La question sera de savoir si ces entreprises vont par la suite générer des revenus suffisants pour pouvoir payer les annuités suivantes alors même que les aides s’éteignent », peut-on lire.
Par ailleurs, la dette des entreprises a changé de nature depuis le début de la crise sanitaire. Si auparavant, elle permettait essentiellement de financer les investissements, elle sert désormais à conserver un certain niveau de trésorerie. La dette trésorerie représente aujourd’hui 52 % de la dette totale des PME, contre 44 % pour les TPE.
Les PME et les TPE susceptibles d’avoir des difficultés à rembourser leurs prêts garantis appartiennent à différents secteurs d’activité, de la construction à l’information-communication, en passant par l’industrie manufacturière et l’hébergement-restauration, notamment en Île-de-France.