Alors qu’ils pouvaient emprunter à des taux inférieurs à 2,5 % il y a un an, les Britanniques négocient désormais leurs emprunts à taux fixe à plus de 6 %, selon Moneyfacts. Une explosion des taux de crédit immobilier qui résulte principalement de la politique menée par la Banque d’Angleterre.
La Banque d’Angleterre remonte ses taux pour contrer l’inflation
La Banque d’Angleterre a décidé de remonter ses taux début novembre pour la huitième fois consécutive dans le cadre de son combat acharné contre l’inflation. Avec un tour de vis plus marqué de 0,75 point de base, elle emboîte le pas de la FED qui a augmenté ses taux directeurs en les portant de 3,75 % à 4 %.
Selon la BoE, cette hausse aurait pour effet de limiter « le risque d’un resserrement ultérieur qui serait plus prolongé et plus coûteux ».
Une impression qui n’est pas confirmée par la Réserve fédérale américaine qui laisse entrevoir d’autres hausses de taux à venir.
Un fort niveau d’incertitude
Si la plupart des économistes s’attendaient à cette hausse de 75 points de base de la BoE, des divergences existaient au sein du comité de politique monétaire. En effet, sept des neuf membres avaient tranché en faveur d’un tour de vis aussi important, alors que deux membres privilégiaient une hausse moins forte de 50 points ou moins.
Cette hésitation montre le niveau d’incertitude dans lequel la BoE a pris sa décision. En parallèle, l’inflation a passé la barre des 10 % et pourrait bien se maintenir durant 2023. Pour protéger les ménages et les entreprises de la hausse des prix, le gouvernement avait annoncé une intervention sur le marché de l’énergie. Effectivement, seulement 10 jours après son entrée à Downing Street, Liz Truss dévoilait un plan prévoyant notamment de geler pendant 2 ans les factures d’énergie des foyers britanniques. Mais sa démission et le retrait du plan fiscal annoncé ont perturbé le marché du crédit.
Des centaines de milliers d’emprunteurs ont vu leurs mensualités augmenter en raison de la hausse des taux. Leur situation financière a été aggravée par la flambée des prix de l’énergie.
Des taux supérieurs à 6 %
Près d’un mois après la démission de Liz Truss et l’abandon du plan fiscal, le marché immobilier au Royaume-Uni est toujours marqué par des turbulences financières. Les emprunts à taux fixe sont proposés à des taux supérieurs à 6 % alors que les ménages pouvaient emprunter à moins de 2,5 % en 2021.
La situation est d’autant plus difficile pour les Britanniques que même dans le cadre d’un emprunt à taux fixe, le taux n’est pas garanti sur toute la durée du crédit, mais seulement pour une durée généralement comprise entre 2 et 5 ans. Au-delà de cette période, les emprunteurs sont contraints de renégocier leur crédit aux conditions actuelles du marché qui sont défavorables.
Selon la Banque d’Angleterre, plus de 2 millions de ménages devront renégocier leur crédit d’ici 2023. Pour la plupart, les mensualités pourraient augmenter de plusieurs centaines d’euros.