Un programme d’expérimentation de la semaine de 4 jours va être mené de juin à décembre au Royaume-Uni. Plus de 3 000 salariés employés dans 60 entreprises différentes vont y participer, sous la houlette de chercheurs et de think tanks qui étudieront l’impact de cette nouvelle organisation du travail sur le bien-être des salariés et sur leur productivité. Zoom sur ce test à grande échelle.
Mesurer l’impact sur la productivité et le bien-être
La pandémie de Covid-19 a amené les entreprises à revoir les modèles classiques d’organisation du travail. Outre le développement du télétravail, la question de la réduction du temps de travail s’est également invitée dans la réflexion générale.
Au Royaume-Uni, une vaste expérimentation va permettre à plus de 3 000 employés de 60 entreprises différentes de tester la semaine de 4 jours pendant plusieurs mois, de juin à décembre 2022. De nombreux secteurs d’activité sont représentés, comme l’industrie pharmaceutique, le conseil ou encore la restauration.
Ce programme pilote se déroulera sous l’œil attentif de chercheurs des universités de Cambridge, d’Oxford ou encore du Boston College, ainsi que des think tanks 4 Day Week Global et Autonomy, qui estiment que la semaine de 4 jours est destinée à devenir la norme.
L’objectif de cette expérimentation à grande échelle est de permettre de mesurer l’impact concret de cette nouvelle organisation du travail sur le bien-être des salariés, ainsi que sur leur productivité, pour peser les avantages et les inconvénients de ce modèle.
La semaine de 4 jours testée en Islande, en Belgique et en Espagne
Si une telle expérimentation n’avait encore jamais eu lieu au Royaume-Uni, plusieurs pays européens ont pris les devants.
En Islande, un programme semblable a été expérimenté sur une longue période, entre 2015 et 2019. Pendant ces 4 années, 2 500 Islandais employés dans le secteur public (administration, écoles, hôpitaux) ont travaillé 35 heures au lieu de 40 heures hebdomadaires, 4 jours par semaine, sans réduction de salaire.
Lancée par le gouvernement islandais et la mairie de Reykjavik, et mise en place sur le terrain par deux think tanks, cette expérimentation a permis de constater que la productivité n’avait pas diminué, et avait même augmenté dans certains cas. Dans le domaine des services par exemple, de nombreuses tâches inutiles ont été supprimées et la durée des réunions a été écourtée, ce qui a permis de maintenir la productivité.
De plus, les salariés ayant participé à ce programme ont déclaré se sentir mieux, plus valorisés et ont eu le sentiment d’avoir trouvé un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Certains salariés n’ont toutefois pas apprécié cette nouvelle organisation, qui implique de modifier les méthodes de travail. Parmi les cadres, beaucoup ne sont pas parvenus à réduire leur nombre d’heures en raison d’une surcharge de travail.
En Belgique, les salariés qui le souhaitent vont bientôt pouvoir travailler 9 h 30 par jour sur 4 jours par semaine, comme l’a proposé le Premier ministre Alexander De Croo dans le cadre d’un projet de réforme du marché du travail.
L’Espagne a quant à elle également lancé une expérimentation incluant 200 entreprises volontaires pour une durée de 3 ans. Ce programme pilote est doté d’un budget de 50 millions d’euros. Toutes les entreprises participantes n’appliquent pas la même politique, certaines ayant décidé, à l’image de Desigual, de réduire le temps de travail, mais aussi les salaires.