Dans le cadre de la semaine européenne du développement durable, nous avons voulu mettre en lumière un projet entrepreneurial en accord avec ces principes. Quoi de mieux qu’un bureau et une chaise made in France, dans une démarche zéro déchet et en circuit court ! Rencontre avec Martin Sauer, fondateur de Slean.
« Au départ, nous avions un projet de mobilier de bureau. Je me suis associé, il y a un an à peu près, à Nathanaël et Damien qui sont designers. Notre ambition était de remettre un coup de neuf au marché du mobilier de bureau, à la fois avec une démarche environnementale, design et aussi avec un modèle économique. Dix jours après le confinement, on a réalisé que l’ambiance n'était pas au mobilier de bureau et c’est là que nous avons décidé de pivoter sur le télétravail et même le travail au sens large. »
Transformer une épreuve en opportunité, voilà le pari réussi de Martin Sauer. Associé au studio Desormeaux & Carrettes et après une expérience chez Manutan (première société française de vente par catalogue d'équipement industriel), il avait forcément un avis sur la question concernant l’évolution du mobilier de bureau. C’est donc à travers le projet Slean qu’il lance cette aventure entrepreneuriale. Parti sur l’idée d’un bureau spacieux, c’est l’actualité qui a imposé un changement de cap, obligeant cette nouvelle équipe à repenser le lieu de travail.
« C’est pendant le confinement que l’on s’est rendu compte que les gens n’avaient pas la place ou la volonté d’installer un bureau à la maison. On a donc réfléchi à cette logique de pouvoir installer un espace de travail de la bonne taille, qui puisse se démonter et se transformer, en quelques instants, en deux petites consoles. »
Un bureau et une chaise, disponible à l’achat ou en location à 40€ par mois, Slean était né avec un but précis : permettre aux entreprises d’équiper leurs salariés avec un espace de travail ergonomique au sein de leur foyer et ce, sans impacter leur confort personnel. Non content d’avoir trouvé la réponse à un problème bien d’actualité, le trio s’est rajouté une contrainte supplémentaire : créer un produit prenant en compte l’enjeu environnemental. C’est au cours de cette réflexion qu’ils ont réalisé qu’ils pouvaient combiner zéro déchet et made in France.
« C’est en découvrant l’écosystème que c’est devenu une évidence de fabriquer en France. Nous avons à la fois des forêts autorégulées, mais aussi des industriels, qui sont le parfait mix entre artisanat et savoir-faire, couplés à une modernisation et automatisation permettant de rester compétitifs. »
Slean décide de passer par la plateforme de financement participatif KissKissBankBank, afin d’obtenir un maximum de retours clients ainsi que d’un coup de pouce en visibilité. Pari gagné ! Slean affiche aujourd’hui 137 précommandes sur les 50 initialement prévues. L’objectif est atteint à 274% à mi-septembre.
Ils ont aussi bénéficié d’une réelle vitrine avec une exposition au BHV Marais, ainsi qu’à la Maison du Crowdfunding, permettant à une sélection de clients de pouvoir essayer en direct la qualité du produit.
« Aujourd'hui en terme de cible, on discute avec des entreprises de toutes tailles et on voit un intérêt chez tout type d’acteurs : de la petite startup ayant dû lâcher ses bureaux parce-qu’elle ne pouvait plus les payer, à des groupes du CAC40 qui nous contactent directement ayant déjà une politique de pérennisation du télétravail. Ils savent qu’ils sont dans l’obligation de mettre en place des solutions pour répondre à cette problématique.»
Une problématique qui challenge la vision du travail dans son ensemble. D’après Martin Sauer, nous ne sommes qu’aux prémices de ces changements, le bon équilibre étant toujours difficile à trouver pour chaque entreprise.
«Cela va prendre des mois pour que chaque entreprise, en fonction de sa culture, de ses moyens, de ses ambitions et de sa croissance, trouve le juste milieu qui lui convient. Cela va demander beaucoup de flexibilité et de modularité. C’est pour cela que nous proposons nos modèles en location pour ne pas acheter des produits qui ne répondront peut-être plus aux besoins d’une entreprise au bout de seulement quelques mois. »
Nous avons voulu savoir comment un acteur du métier pronostiquait les changements à venir et si nous continuerons d’aller vers le modèle de la Silicon Valley.
« D’ici 2 ans, les espaces de bureau n’auront pas encore énormément évolué, même si nous devrions voir un investissement accru dans le lieu de vie, ceci afin de favoriser le lien social et la collaboration. Dans 5 ans, il devrait y avoir une évolution avec des espaces beaucoup plus modulaires, qui permettent vraiment aux gens de travailler au bureau de manière plus flexible et collaboratif. Cette évolution sera plus adaptée à un besoin qu'à un aménagement fixe qui oblige l’humain à s’adapter.»
Ces changements ne devraient pas s’arrêter à cette crise exceptionnelle selon Martin Sauer, qui voit notamment le tiers-lieu devenir un socle du travail de demain.
« La notion de tiers-lieu va prendre beaucoup plus d’importance. Aujourd’hui pour innover, il faut être connecté à son marché, à son écosystème, à ses clients ou ses partenaires. Les entreprises vont investir de plus en plus dans des espaces partagés pour stimuler l’échange et créer du lien. À terme, le concept de décentralisation devrait permettre de se réapproprier les espaces de vie et de travail, forcément avec des technologies permettant de pouvoir travailler en collaboration sans avoir besoin de présence physique. »
Si vous aussi vous êtes concerné par le télétravail, n’hésitez pas à nous dire de quelle manière votre entreprise s’est adaptée. Si vous voulez en savoir plus sur Slean et sur leurs produits, cliquez ici.