William Detry et son acolyte Victor Boels représentent à merveille cette nouvelle génération d’entrepreneurs : curieux, touche-à-tout, et désireux de donner du sens à leurs projets. Après avoir lancé ShareMyPark, une solution de mise en location de places de parking, développée à l’occasion de leurs mémoires de fin d’études, ils lancent en août 2018 Compliment, une startup de compléments alimentaires. Nous avons échangé avec William Detry sur la situation actuelle de sa société, ainsi que sur le secteur du complément alimentaire dans son ensemble.
« Nous avons travaillé sur ShareMyPark pendant 2 ans, nous l’avons vendue ensuite en mars 2018 à une société irlandaise, Parkbnb, active dans le domaine du parking partagé. Après la vente, nous avons continué à faire la transition et à développer le marché belge. Ce fut une période un peu plus délicate : passer du statut de fondateur de la structure à employé était moins motivant. »
Durant cette transition, William ressent beaucoup de stress et dort mal. Il essaie de résoudre le problème avec des produits de pharmacie, tels que des compléments alimentaires, des produits anti-stress à base de plantes, de manière non informée.
«En août 2018, mon père est victime d’un AIT (accident vasculaire), principalement lié à des carences en vitamine D et en coenzyme q10. Cet AIT aurait pu être évité s’il avait bien été complémenté. J’ai eu un déclic et j’ai pris conscience de la nécessité préventive et maîtrisée du complément alimentaire. »
Face à ce secteur très opaque, les obstacles sont nombreux et les informations crédibles difficiles à obtenir. N’étant pas experts sur le sujet, le duo se rapproche de Gilles Gernaey, l’ancien président de Foodsup (Fédération belge du complément alimentaire) devenu depuis, associé en charge du contact avec les laboratoires.
« Nous avons constaté que les compléments alimentaires se retrouvent partout, en grandes surfaces, en ligne, chez ton pharmacien mais sans aucunes indications. Après avoir entendu « vitamine D » ou « magnésium », difficile de s’y retrouver dans les posologies, dosages ou besoins personnalisés etc. Il existe aussi le problème du suivi du programme par l’utilisateur qui manque souvent de discipline passé le premier mois. »
La transparence et l’expérience utilisateur ont donc été les piliers de la création de Compliment. Avec un système de questionnaire sur son mode de vie, suivi de l’appel d’une nutritionniste afin d’affiner son profil, Compliment veut établir une relation de confiance. Grâce à la réunion des compléments en un sachet journalier facilitant la prise pour l’utilisateur, fini les 5 boîtes différentes qui prennent la poussière dans la cuisine !
« Nous voulions un produit efficace parce que nous avions vu tellement de mensonges sur le marché entre les multivitamines, les fausses promesses de perte de poids, de fortification des cheveux ou des ongles… Notre volonté est d’offrir un produit bien identifié, facile à adapter et adopté pour notre consommateur. Pendant plus de 6 mois, nous avons effectué un travail de recherche pour trouver la bonne formule et les bons composants. Gilles a d’ailleurs établi une charte de qualité que nos laboratoires sont tenus de respecter. Le dosage est également très important, avec du microdosage pour ne jamais rentrer dans les zones actives. Notre volonté était de se dire que chaque complément doit servir efficacement ».
Cette attention du détail ne s’arrête pas à la simple composition d’un bon produit et l’accent est mis aussi sur le retour d’expérience et le suivi mensuel par une nutritionniste avec un contact téléphonique permettant de bien situer les besoins du client ainsi que son ressenti sur son utilisation actuelle. Avec la formule en abonnement de 1 mois ou 3 mois, il est également possible de faire évoluer ses compléments selon ses besoins, en étant toujours accompagné par un membre de l’équipe.
« Nous avons été surpris lors du lancement, nous avions pensé le concept comme si nous en étions les utilisateurs finaux, et nous avons vu que c’était un marché principalement féminin. 70 à 80% des clients sont des femmes. Le consommateur entre 20 et 30 ans n’était pas la bonne cible, il cherche un effet instantané, une pilule magique, il n’aura bien souvent pas la discipline de prendre ses compléments au jour le jour ou même de s’inscrire dans une démarche plus durable qu’une cure de deux semaines, et finira déçu du résultat. Passés 30 ans, nous observons une meilleure réponse à notre offre, les utilisateurs restent abonnés et font évoluer les cures en fonction des saisons, avec le constat plus marqué des effets positifs.»
Plus que jamais, les gens prennent conscience de l’importance d’un système immunitaire fort tout au long de l’année. Il reste cependant compliqué de convaincre des clients sur un marché saturé par les promesses.
« Le premier message à faire passer, c’est « vous avez certainement besoin de complément alimentaire.» C’est déjà un message compliqué à faire entendre au public qui n’est pas sensibilisé à ces questions.
Le second message est « mon produit est plus qualitatif que les autres.» Pas évident à nouveau d’expliquer que le magnésium acheté en pharmacie est de l’oxyde de magnésium qui n’est pas biodisponible avec un mauvais taux d’absorption et qu’il faudrait plutôt privilégier un glycérophosphate de magnésium par exemple. On perd rapidement son interlocuteur. »
Compliment privilégie des partenariats avec des nutritionnistes et sélectionne avec minutie ses influenceuses. La volonté d’un lien de confiance fort est d’ailleurs revendiquée par William Detry.
« Être le plus éthique possible est une réelle valeur de marque. Nous tirons une grande fierté du made in Belgium et d’un développement en logique de circuit court. Nous pourrions réduire nos coûts en cherchant un partenaire étranger pour la mise en sachet, mais nous avons préféré privilégier la possibilité de travailler avec une structure locale, Travie, qui favorise l’insertion de personnes en situation de handicap. Nous travaillons avec des laboratoires sur le long terme qui partagent nos valeurs sur le sourcing des ingrédients. Nous avons tous besoin d’avoir confiance les uns en les autres, afin de délivrer un produit dans lequel le client peut lui aussi avoir confiance. »
