Le sport et les loisirs constituent des leviers essentiels pour l'inclusion des personnes en situation de handicap. C’est en tous cas la conviction des invités du webinar Anytime autour de l’accessibilité des sports et loisirs. Longtemps considérés comme accessoires, ils sont aujourd'hui reconnus comme des droits fondamentaux.
"Le sport était considéré comme un luxe avant la loi n° 2005-102 du 11 février 2005. Aujourd'hui, le projet de vie sportif fait partie intégrante du projet de vie, au même titre que l'accès à l'école, aux soins, au logement ou au travail", souligne Yannick Calley référent sport de la MDPH de Belfort.
Des obstacles à surmonter
Malgré cette reconnaissance légale, plusieurs freins persistent. L'accès au matériel adapté représente un défi majeur, notamment en raison des coûts élevés.
"Quand vous avez 6 jeunes qui veulent faire du basket, une grande chaîne de magasins française vient de lancer une gamme en septembre 2023 de fauteuils qui sont à 2000, 2500 euros. Avant ça, les fauteuils vous les commandiez en Allemagne, aux États-Unis et c'est des fauteuils à 4000, 5000 euros", explique Yannick Calley.
Au-delà de l'aspect financier, la formation des encadrants et l'adaptation des structures d'accueil constituent également des enjeux majeurs.
Une évolution des publics qui nécessite une adaptation
Le secteur fait face à une évolution significative des profils accueillis, particulièrement concernant les troubles du comportement. Emmanuelle David, directrice générale du réseau Loisirs Pluriel, observe cette transformation :
"Entre 2021 et aujourd'hui, on est passé de 35-38% d'enfants et jeunes avec des TND (troubles neurodéveloppementaux) à aujourd'hui entre 50 et 60% du public que l'on accueille."
Cette évolution nécessite une adaptation constante des pratiques et des accompagnements.
Des bénéfices multidimensionnels
Les bienfaits de la pratique sportive et des loisirs dépassent largement le cadre de l'activité physique. Ils constituent un véritable vecteur de socialisation et d'épanouissement.
"On a des jeunes qui ont des difficultés à l'école, qui ont des difficultés dans le cadre familial, dans le domaine médico-social. Ils sont en échec de relationnel et pourtant, dans l'activité sportive, c'est là où ça se passe bien", témoigne Yannick Calley.
Un soutien essentiel pour les aidants
L'impact positif s'étend également aux aidants. "C'est clairement le répit et le maintien dans l'emploi", affirme Emmanuelle David.
Elle illustre son propos avec un exemple révélateur : "J'ai le souvenir d'une maman qui ne comprenait pas ce qu'était le répit quand son enfant allait au centre le mercredi pour qu'elle puisse travailler. Quand il est passé aux activités du samedi, elle m'a appelée en me disant 'ça y est, je comprends ce qu'est le répit', car elle pouvait enfin prendre du temps pour elle."
L'héritage prometteur des Jeux Paralympiques
Les récents Jeux Paralympiques ont contribué à faire évoluer les mentalités et à ouvrir de nouvelles perspectives.
"Les jeux nous ont amené au moins une belle image. Les structures de loisirs ont vu les jeux et se disent 'ah oui, ça peut être un super outil d'animation", observe Yannick Calley.
Cette visibilité accrue permet de sensibiliser le grand public et d'encourager le développement de nouvelles pratiques adaptées.
Pour se lancer dans la pratique, Emmanuelle David conseille aux familles de dépasser leurs appréhensions :
"Il ne faut pas se mettre de barrières. Je ne dis pas que ça marche tout le temps, pas du tout, mais il faut se laisser cette possibilité d'avoir un oui et pas partir tout de suite sur ça va être un refus."
L'accès au sport et aux loisirs pour les personnes en situation de handicap représente un enjeu sociétal majeur. Si des progrès significatifs ont été réalisés, notamment grâce à l'évolution du cadre légal et à l'engagement d'acteurs de terrain, des efforts restent à fournir pour garantir une véritable inclusion.
La dynamique positive initiée par les Jeux Paralympiques doit maintenant se transformer en actions concrètes pour permettre à chacun, quel que soit son handicap, d'accéder à une pratique sportive ou de loisir adaptée à ses besoins et ses envies.